Le soir du même jour, qui était un dimanche, vers les huit heures à peu près, au moment où un groupe assez considérable d'hommes et de femmes, réunis autour d'un chanteur des rues, qui faisait merveille en jouant à la fois des cimbales avec ses genoux et du tambour de basque avec ses mains, fermaient presque hermétiquement l'entrée de la rue de Valois, un mousquetaire et deux chevau-légers descendirent par l'escalier de derrière du Palais Royal et firent quelques pas pour s'avancer vers le passage du Lycée, qui, ainsi que chacun sait, donne dans cette rue; mais voyant la foule que leur barrait presque le chemin, les trois militaires s'arrêtèrent et parurent tenir conseil; le résultat de leur délibération fut sans doute qu'il fallait prendre une autre route que celle qui avait été décidée d'abord, car le mousquetaire donnant le premier l'exemple d'une nouvelle manœuvre, enfila la cour des Fontaines, tourna le coin de la rue des Bons-Enfans, et tout en marchant d'un pas rapide, quoi qu'il fût d'une corpulence assez forte, il arriva au numéro 22, qui s'ouvrit comme par enchantement à son approche et se referma sur lui et ses deux compagnons.
Tous ces gens dispersés, les deux chefs demeurèrent seuls.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Siècle ». Cet extrait fait partie de la « Seconde partie ». Le chapitre III est intitulé « La rue des Bons Enfans ». Remarque de clôture : « (La suite à demain.) ».