Trois jours après la scène que nous venons de raconter, c'est-à-dire vers les cinq heures de l'après-midi du jour fixé pour la signature du contrat de Mlle Eugénie Danglars et d'Andrea Cavalcanti, que le banquier s'était obstiné à maintenir prince, comme une brise fraîche faisait frissonner toutes les feuilles du petit jardin situé en avant de la maison du comte de Monte-Cristo, au moment où celui-ci se préparait à sortir, et tandis que ses chevaux l'attendaient en frappant du pied, maintenus par la main du cocher assis déjà depuis un quart d'heure sur le siège, l'élégant phaéton avec lequel nous avons déjà plusieurs fois fait connaissance, et notamment pendant la soirée d'Auteil, vint tourner rapidement l'angle de la porte d'entrée, et lança plutôt qu'il ne déposa sur les degrés du perron M. Andrea Cavalcanti, aussi doré, aussi rayonnant que si lui, de son côté, eût été sur le point d'épouser une princesse.
Au moment où l'aiguille de la pendule massive, de la pendule représentant Endymion endormi, marquait neuf heures sur son cadran d'or, et où le timbre, fidèle reproducteur de la pensée machinale, retentissait neuf fois, le nom du comte de Monte-Cristo retentit à son tour, et, comme poussée par la flamme électrique, toute l'assemblée se tourna vers la porte.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Journal des Débats. » Cet extrait fait partie de la quatrième partie du roman. Le quatre-vingt-quatorzième chapitre est intitulé : « Le Contrat. » Remarque de clôture : « (La suite à demain.) »