Ma chère Louise, j'ai lu, relu ta lettre, et plus je m'en suis pénétrée, plus j'ai vu en toi moins une femme qu'un enfant : tu n'as pas changé, tu oublies ce que je t'ai dit mille fois : l'amour est un vol fait par l'état social à l'état naturel; il est si passager dans la nature que toutes les ressources de la société ne peuvent changer sa condition primitive; aussi toutes les nobles ames essaient-elles de faire un homme de cet enfant; mais alors l'amour devient, selon toi-même, une monstruosité.
Ma chère, la jalousie est brutale et bête. Je me suis alors promis de souffrir en silence, de tout espionner, d'acquérir une certitude, et d'en finir alors avec Gaston ou de consentir à mon malheur : il n'y a pas d'autre conduite à tenir pour les femmes bien élevées.
Le feuilleton est publié dans le rez-de-chaussée dans la rubrique « Feuilleton de La Presse ». Remarque : « Troisième et dernière
partie ». Le chapitre LIV est intitulé « De Madame de l'Estorade à Madame Gaston. ». Le chapitre LV est intitulé « De madame Gaston à la comtesse de l'Estorade. ». Le texte est signé « De Balzac ». Remarque de clôture : « (La suite à après-demain.) ».