– Oui, monsieur, reprit l'ancien négociant après un moment de silence; c'est bien là le nom de celui qui m'avait prêté à gros intérêts une somme de cent mille francs dont j'avais besoin dans une spéculation devenue malheureuse plus tard; de celui qui s'est emparé lentement, un à un, de tous les biens que je comptais conserver pour notre vieillesse et pour l'établissement de ma fille; de celui enfin qui, après m'avoir renversé, me voyant sans ressources et sans espoir, m'a repoussé avec dédain quand je suis venu lui demander avec instance les moyens de recouvrer honorablement ce que m'avaient enlevé son avarice et sa mauvaise foi!...
Cependant, le courage lui revint à temps; il jeta un dernier regard sur la robe rose d'Anaïs, qui disparaissait de l'autre côté du pont, et il descendit précipitamment le quai Voltaire, comme s'il venait de prendre une grande résolution qu'il lui tardait d'exécuter.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Siècle. » Remarque de clôture : « (La suite à demain.) »