En voyant aboutir à une appréhension d'une nature assez vulgaire les souffrances d'amour auxquelles il avait sincèrement compati jusqu'alors, M. de Vaudrey éprouva une surprise mêlée de désappointement.
A ces mots prononcés avec un calme affecté, mais où perçait cependant quelque peu de ce sentiment d'aigreur jalouse qu'éprouvent souvent les hommes d'un âge mûr à l'aspect des jeunes gens qui les supplantent impitoyablement dans les plaisirs et les succès de la vie, M. de Vaudrey étendit la main en désignant à Mlle Grandperrin, qui probablement n'avait pas attendu jusqu'alors pour l'apercevoir, Georges Froidevaux fort mal caché derrière un saule, à l'ombre duquel, avec la bienheureuse confiance particulière aux amoureux, le jeune avocat se croyait parfaitement à l'abri des regards indiscrets.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Journal des débats. » Cet extrait fait partie de la deuxième partie. Suite du chapitre II, intitulé : « Une Confidence. » Le chapitre III est intitulé : « Sous les marronniers. » Remarque de clôture : « (La suite à mercredi.) »