M. de Créqui hâtait le pas à mesure qu'il avançait vers le but de l'enquête nocturne qui était alors sa seule préoccupation : il groupait, il rapprochait, il enflait tous les faits, toutes les inductions que ses souvenirs pouvaient lui représenter, et plus il avait sous les yeux divers circonstances où le duc de Guise l'avait interrogé ironiquement sur le texte de ses amours, plus il se persuadait avec un amer sentiment de jalousie et d'amour-propre blessé, que son heureux adversaire au jeu avait formé le projet de devenir aussi son rival favorisé auprès de sa maîtresse; il vit donc un complot prémédité dans ce qui n'était qu'une rencontre du hasard.
Cette supposition fut accueillie comme une réalité par M. de Créqui, plus indigné et plus désespéré que jamais, tellement qu'il s'encourageait tout haut à immoler Morabba sur le corps de son ravisseur.
Publié dans la rubrique « Variétés. » Cet extrait est intitulé : « Histoire galante. - 1603. » Remarque de clôture : « (La suite à demain). »