Dès que la lutte fut engagée entre Agricol et le carrier, la mêlée devint terrible, ardente, implacable; un flot d'assaillans, suivant les pas du carrier, se précipita par cette porte, avec une irrésistible furie; d'autres, ne pouvant traverser cette presse effroyable, où les plus impétueux culbutaient, étouffaient, broyaient les moins ardens, firent un assez long détour, allèrent briser un treillis de la fabrique entre deux feux; les uns résistèrent courageusement; d'autres, voyant Ciboule, suivie de quelques-unes de ses horribles compagnes et de plusieurs rôdeurs de barrière à figures sinistres, monter en hâte dans la maison commune, où s'étaient réfugiés les femmes et les enfans, se jettèrent à la poursuite de cette bande; mais quelques compagnons de la mégère ayant fait volte-face et vigoureusement défendu pareilles, et autant d'hommes non moins ignobles, purent se ruer dans plusieurs chambres, les uns pour piller, les autres pour tout briser…
La violence du vent du nord, chassant et couchant les flammes qui ondoyaient sous la bise, apporta bientôt aux oreilles de M. Hardy, les sons pressés de la cloche d'alarme de sa fabrique embrasée.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Constitutionnel. » Cet extrait fait partie de la partie intitulée « La Fabrique» et du sixième volume du roman. Chapitre XXI est intitulé : « Le Retour. » Remarques de clôture : « Fin du sixième volume » & « Nous reprendrons la publication du 7e volume du Juif Errant, jeudi prochain. »