Le maréchal Simon occupait, nous l'avons dit, une modeste maison dans la rue des Trois-Frères; deux heures de relevée venaient de sonner à la pendule de la chambre à coucher du maréchal, chambre meublée avec un simplicité toute militaire : dans la ruelle du lit, on voyait une panoplie, composée des armes dont le maréchal s'était servi pendant ses campagnes ; sur le secrétaire, placé en face du lit, était un petit buste de l'Empereur, en bronze, seul ornement de l'appartement.
Soit qu'il regardât comme plus prudent de former l'arrière-garde, soit respectueuse déférence pour un bipède, le digne chien n'était sorti de la chambre que le dernier, et comme il rapportait merveilleusement bien (ainsi qu'il venait de le prouver), voyant tomber la lettre jetée par Jocrisse, il la prit délicatement entre ses dents et sortit de la chambre sur les talons du domestique sans que celui-ci s'aperçût de cette nouvelle preuve d'intelligence et du savoir-faire de Rabat-joie.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Constitutionnel. » Cet extrait fait partie du neuvième volume du roman. Chapitre XV est intitulé : « Jocrisse. » Remarque de clôture : « (Le 16e chapitre à demain.) »