Le poète forgeron était un grand garçon de vingt-quatre ans environ, alerte et robuste, au teint hâlé, aux cheveux et aux yeux noirs, au nez aquilin, à la physionomie hardie, expressive et ouverte ; sa ressemblance avec Dagobert était d'autant plus frappante, qu'il portait, selon la mode d'alors, une épaisse moustache brune, et que sa barbe, taillée en pointe, lui couvrait seulement le menton ; ses joues étaient d'ailleurs rasées depuis l'angle de la mâchoire jusqu'aux tempes ; un pantalon de velours olive, une blouse bleue bronzée à la fumée de la forge, une cravate noire négligemment nouée autout de son cou nerveux, une casquette de drap à courte visière, tel était le costime d'Agricol; la seule chose qui contrastât singulièrement avec ces habits de travail, était une magnifique et large fleur d'un pourpre foncé, à pistils d'un blanc d'argent, que le forgeron tenait à la main.
Et le forgeron sortit, laissant sa mère seule avec la Mayeux.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Constitutionnel. » Cet extrait fait partie de la partie intitulée « La rue Brise-Miche » et du second volume du roman. Chapitre XIII est intitulé : « Agricol Baudoin. » Remarque de clôture : « (Le 14e chapitre à demain.) »