Depuis long-temps la chasse a commencé ; le soleil, bientôt à son déclin, jette sur le ciel ses chauds reflets ; les touffes de chêne et les grands troncs de sapins semblent se détacher sur un fond de cuivre rouge ; au milieu d'un épais fourré rendu impénétrable par la luxuriante végétation des genêts, des ronces, des fougères et des églantiers, enfin au plus profond des bois dans lesquels on chassait alors, se trouvait une petite clairière semée çà et là de blocs de roches grises et moussues, presque entièrement cachées sous un inextricable enchevêtrement de lierres, de liserons, de chevrefeuilles sauvages.
Il n'était plus temps, la jeune fille, non moins audacieuse que sa mère, franchissait le tronc d'arbre, et, en même temps, par un mouvement d'une grâce pudique, elle contenait du bout de sa cravache qu'elle tenait de la main gauche les longs plis de sa jupe, afin de l'empêcher de se retrouver indiscrètement, ainsi que s'était relevée celle de sa mère.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Constitutionnel » de manière qu’on peut le plier pour en faire un livre. Cet extrait contient les pages 9-12 du roman et fait partie de l'Introduction (Première partie). Chapitre II est intitulé : « Le Taillis. » Chapitre III est intitulé : « Le Défaut. »