Le détenu qui se trouvait à côté de Barbillon était un homme de quarante-cinq ans environ, grêle, chétif, et d'une physionomie fine, intelligente, joviale et railleuse; il avait une bouche énorme, presque entièrement édentée; dès qu'il parlait il la contournait de droite à gauche, selon l'habitude assez générale des gens accoutumés à s'adresser à la populace des carrefours; son nez était camard; sa tête, démesurément grosse, presque complétement chauve; il portait un vieux gilet de tricot gris, un pantalon d'une couleur inappréciable, lacéré, rapiécé en mille endroits; ses pieds nus, rougis par le froid, à demi enveloppés de vieux linges, étaient chaussés de sabots.
Elle se promit de raconter cette infortune à Rodolphe dès qu'elle le reverrait, ne doutant pas qu'il la secourût.
Publié dans la rubrique : « Feuilleton du Journal des débats. » Cet extrait fait partie de la « Septième partie » du roman. Le chapitre XIX est intitulé « Pique-Vinaigre. » Remarque de clôture : « (La suite à demain.) »