Nous avons dit comment avec le jour le doute, puis l'incrédulité, puis la certitude que cette prétendue apparition n'était qu'un rêve, s'étaient succédés dans l'esprit de Roger, mais, par un effet tout contraire, à mesure que la nuit était venue, son cœur s'était repris à croire, et lorsqu'il se retrouva seul dans sa chambre, couché dans son lit, sans lumière, lorsqu'il revit ce même rayon de lune éclairant ce même tableau, toute sa conviction première revint, et il sentit que son prétendu rêve se refaisait réalité.
Constance, couchée près de sa mère dans une des chambres les plus reculées du château, avait fait, les larmes aux yeux et le désespoir dans le cœur, ses derniers adieux à Roger, lorsque la douleur l'emportant chez elle sur toute autre considération, elle prit à son tour une résolution extrême et profitant du sommeil de sa mère, elle se releva, se rhabilla, sortit sur la pointe du pied, et débarrassée des surveillans, qui jusque là avaient dicté ses paroles et avaient contenu ses sentiments, elle se glissa de corridors en corridors jusqu'à l'endroit de la boiserie où elle avait l'habitude de prendre place - poussa le ressort - et apparut au chevalier non plus comme une ombre, mais comme une délirante réalité.
Publié dans la rubrique « Feuilleton de La Presse ». Le chapitre VII (Suite) est intitulé : « « Comment Mlle de Beuzerie apparut au chevalier d'Anguilhem pour lui défendre d'entrer en religion. » Le chapitre VIII est intitulé : « Comment on apprit à Anguilhem et à Beuzerie que le victomte de Bouzenois, ex-capitaine de la frégate la Thétis, était mort intestat, et quelles furent les modifications que cette nouvelle apporta dans les projets des deux familles. » Remarque de clôture : « (La suite à demain.) »