Le soir fixé pour son évasion, Roger se coucherait comme d'habitude et laisserait l'abbé se coucher; seulement il regarderait bien où il poserait ses habits, puis comme l'abbé et lui étaient à peu près de la même taille, dès que le lumière serait éteinte, et qu'au ronflement périodique de l'abbé, il serait bien certain que son surveillant serait endormi, il se lèverait doucement, s'affublerait de la culotte noire, de l'habit noir et du petit collet, se coifferait majestueusement du tricorne, et sortirait de la chambre le plus légèrement possible.
Roger jeta un cri terrible, chancela comme un homme frappé de la foudre, et serait tombé de toute sa hauteur sur le pavé, si le baron d'Anguilhem, qui en ce moment même venait de son côté pour entrer au couvent, ne l'eût retenu entre ses bras.
Publié dans la rubrique « Feuilleton de La Presse ». Le chapitre V (Suite) est intitulé : « Comment le chevalier d'Anguilhem se sauva du collège des jésuites d'Ambroise, dans l'intention d'enlever Mlle de Beuzerie, et quelle nouvelle il apprit en arrivant au couvent de Chinon. » Remarque de clôture : « (La suite à demain.) »