Nous avions passé la nuit à Debbeh, et nous en partîmes au lever de l'aurore : le temps était calme, et nous étions poursuivis par des nuées de moucherons, dont les piqûres irritantes ne nous laissaient pas un instant de repos; nous n'avions aucun moyen de nous en garantir, et depuis notre départ de Dongolab, ils ne cessaient pas de nous tourmenter; ils nous assaillaient partout, sur les bords du Nil comme sur le fleuve, et je ne pouvais ni travailler ni jouir du charme de cette navigation solitaire, qui m'avait paru monotone avant d'arriver à Wady-Halfa, mais dont j'ai souvent regretté les avantages au milieu des déserts; vainement pour écarter ces terribles insectes, le copte Chénoda faisait-il agiter de grands éventails au dessus de nos têtes; la brise seule en fraîchissant parvenait à triompher de leur opiniâtreté et à les éloigner pour quelques momens; mais ils reparaissaient plus nombreux et plus insupportables qu'auparavant, dès que le calme était revenu.
J'achevai ainsi la première étape sans fatigue et sans souffrance, me promettant bien de ne plus employer à l'avenir, d'autre animal que le chameau pour les traversées du désert.
Publié dans la rubrique « Feuilleton de La Presse. »