L'antique Esneh, sur la rive gauche du Nil, voit encore s'élever au milieu de ses maisons de boue qui le cachent presque entièrement, un vieux temple assez bien conservé; on a essayé de le réparer, non par respect pour le monument, mais afin de pouvoir le transformer en magasin; il est inutile de dire que le goût le plus détestable a présidé à ces réparations.
Les habitans en ont perdu le souvenir, et soit que la religion de Jésus n'ait pas jeté parmi eux de profondes racines, soit que le mahométisme ait eu la puissance de les extirper entièrement, soit encore que nulle idée grande ne puisse laisser de trace durable dans des esprits simples et bornés, le voyageur attentif ne découvre rien ni dans les mœurs, ni dans les coutumes des Nubiens, qui fasse soupçonner une origine chrétienne.
Publié dans la rubrique « Feuilleton de La Presse. »