Pendant que Guillaume précipitait ainsi les morceaux, humectés presque à chaque instant d'une rasade copieuse, tout en faisant chanter le gobelet, et s'accompagnant, avons-nous dit, de ce murmure sensuel de l'homme à jeûn qui apaise une grosse faim, Pierre le contemplait silencieux et souriant, et Antoine, la bouche béante, semblait partager le plaisir qu'il lui voyait prendre.
Ayant dit, Guillaume s'avança plus près du foyer, s'accouda sur ses genoux, la tête appuyée sur une de ses mains, l'autre main déployée en évantail devant le feu, et, s'étant recueilli un moment sans reporter encore ses yeux sur Pierre ni sur sa femme, d'une voix hésitante, mais qui s'affermit par degrés, il commença comme il suit.
Publié au rez-de-chaussée du journal. Remarque de clôture : « (La suite prochainement.) »