Après avoir visité sur les bords du Rhône le fameux passage d'Annibal, nous regagnâmes la route d'Avignon, notre Polybe à la main, et regardant vingt fois en arrière, car nous ne pouvions quitter cette rive où il nous semblait d'un moment à l'autre que nous allions voir surgir Hannon et ses Numides, Annibal et ses éléphans.
Je ne sais combien de temps je restai ainsi, mais enfin toutes ces images funèbres se confondirent les unes avec les autres, cessèrent d'avoir des formes distinctes, le bruit et les plaintes s'éloignèrent, et je m'endormis moi-même d'un sommeil pareil à celui de la mort.
Publié dans la rubrique « Feuilleton du Siècle. » Cet extrait fait partie de : « Le Midi de la France. » Cet extrait est intitulé : « Avignon. Le Mistral. – La Chambre N. 3. – Le Palais des papes. » Remarque de clôture : « (La suite à demain.) »